Que pouvons-nous retenir de Rimbaud ? Ou, qu'avons-nous retenu de Rimbaud : l'adolescence, la révolte. Et puis des petits mots genre « La vraie vie est absentes » Certains affirment que Rimbaud à quitter l'Europe parce qu'il fuyait la médiocrité de la vie métropolitaine. Une mère goule. Mais, il faut rajouter que Rimbaud s'est enfuit parce qu'il a échoué. Il n'a pas réussi à transformer la vie. En témoigne l'amer de nombreux poèmes dont les derniers vers sont autant de défaites. Je tiens de lui d'ailleurs que tout poème est une tentative d'évasion ratée. Que reste-t-il alors, passé 20 ans ? Devenir un bourgeois, un aventurier ? Un capitaine d'industrie, un capitaine de bateau ? Dans sa fuite, Rimbaud emporte le fantasme d'une vie trépidante qui le mènera d'aventures en aventures jusqu'à l'enrichissement, "féroces infirmes". Et si l'épisode de la vente d'armes au roi Ménelek II reste un épisode, il n'en est pas moins symptomatique d'une Europe qui ayant mis à terre les vieilles eschatologies, se réinvente dans des rêves terrestres, des rêves de marchands. Mon fils, on ne peut pas vivre de poésie. Il faudra bien que tu fasses quelque chose de ta vie. C'est bien beau de vouloir secouer le joug de nos servitudes, de traîner avec les communards en rêvant d'âge d'or revenu, du conciliabule des fleurs avec les rivières et les arcs-en-ciel, mais où cela te mènera-t-il ? La poésie ne nous sauvera pas. Il ne reste plus qu'à déployer notre énergie de fuite dans un monde sans rêve. Le départ de Rimbaud vaut-il mieux que la conversion de Verlaine au christianisme ? Rimbaud marchand d'armes, c'est le début, la signature d'une époque enfin adulte. Où l'on accepte enfin le nucléaire, la disparition des oiseaux, et que nous nourrissions nos enfants aux prix des armes qui tuent ceux des autres.
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