TROIS EXTRAITS DE LA TARDIGRADE
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Ce n'est pas une vague. C'est une phrase. Tu la reprends tous les jours entre les virgules du sommeil.
Tu marches à pied dans cette forêt où les arbres s'assoient au passage des oiseaux, où les tentes ne se distinguent plus des maisons, où les chemins se croisent perpendiculairement.
Est-ce qu'on a le droit de dire, perpendiculairement asymptotique ?
Et, est-ce qu'un poème peut mourir ?
Un arbre pousse à l'envers dans ma bière
J'ai peur qu'un poisson tombe sur la table du bistrot.
Devant moi, il n'y a personne et d'ailleurs, il n'y a pas de verre. Je peux voir à travers toi.
Tu n'es rien qui existe, rien qui n'existe pas.
Les oiseaux de feu n'existe pas et les salamandres ne vivent pas dans le goudron, tu le sais.
Pas plus que tu ne vis dans les mots.
La rivière déborde la rivière
Qui a ton visage
Ce ne sont pas des larmes ni une marée
A peine une flaque où se noie le reflet des étoiles
Peut-être n'ai-je pas lancé l'ancre assez haut
Pour empêcher la terre de tourner.
Peut-être quand je suis sorti faire les courses
N'ai-je pas mis les bonnes chaussures.
Sur le fil de la montagne
Sur le seuil de la maison
Un feuille tremble qui n'est jamais tombé d'un arbre
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La ligne noire qui descend de tes sourcils et continue sur la page jusqu'à l'essoufflement, n'épuise pas la trame des jours et des nuits
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Chaque fois que je m'approche ou m'éloigne de ton ouvrage, il se réduit en poussière. Je dois encore reprendre le même chemin pour aller travailler.
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Est-ce ta faute si dans tes yeux j'imagine des portes dérobées ?
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La ligne noire qui descend de ton sein et continue sur la page n'est ni un réveil matin ni un somnifère : seul le sang que je goute sur tes lèvres est réel.
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Au milieu de la nuit au début
Je ne me souviens plus
Elle était sur mes épaules
Et ramassait des étoiles et des pommes
Qu'elle jetait par terre
Nous étions au milieu des haies
A moins que ce ne soit des maisons
Le bruit du vent et des avions
Nous permettait à peine de nous entendre :
Rêve ou attentat
Probablement les deux
Des fleurs s'accouplaient dans les jardins, ventre de verre contre ventre de verre. "Mets ta tunique de sang pour aller chercher le pain. Tu ne vois pas que tu es nue ?" leur disait-elle
Elle s'était fait un masque avec son visage
Et déjà ne me parlait plus
Ta parole est un éclair qui me brûle et se retire aussitôt
Je me couche dans les fruits et me réveille dans les graines
Une bobine de fil dans les mains
Qui n'a de fin ni de début
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