ENCORE
A la fin, nos cœurs dormant
Deviennent cet animal fauve
Ni chien, ni femme
Mais encore, ces corps de muscles et de tendons
Prêt à sculpter la nuit
A cueillir les étoiles
Pour les porter contre notre sein comme des ratures
Pour raturer encore ces mouvements, élans de nos muscles retenus
Bandés contre le silence épais des ailes des oiseaux.
Le ciel se rempli d'avions
Le ciel penche et va tomber,
Renversant la lune et la voie lactée
Dans l'assiette sur la table.
Désert, dessert, je ne sais.
Je suis le sable qui crisse entre tes dents
Et tes dents entre tes lèvres qui sourient.
Je danse !
Abattant les volets de la maison
Contre toi,
Contre moi,
Contre nous,
Convoquant une nativité animale
Dans les draps noirs,
Nous respirons un levain d'étoiles,
Puis, nous lançons nos langues à l'assaut des arbres
En d'incertains poèmes.
Il suffirait d'y penser pour que les balles ne sortent plus des fusils,
Pour que le blé et l'eau se mêlent
Des ailes des oiseaux
Et que le matin, le pain que nous mangions
Ait encore un goût des amours de la nuit.
Les enfants dorment, tout à leurs rêves immenses
Suspendus aux branches du sommeil.
Nos corps s'enchevêtrent dans la nuit noire,
A la rencontre
Des rivages d'airs qui bordent nos corps.
Le vent apporte encore les chants de peuples éteints,
Tandis que nous nous endormons lentement dans notre chaleur
Contre nous,
Contre moi,
Contre toi,
Lampes vacillantes sur un seul pied
L'autre déjà dans la tenture des rêves,
Là où se tissent des lacs frémissants de mot et de morts
Dans l'étrange reflet des jours à venir.